L’Art du choix ou le vertige d’une résidence

Série Écléctisme
5 décembre 2024
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Par Benoît Billotte

Retour sur une résidence de recherche de deux mois au Musée Ariana (septembre et octobre 2024) 

Mener une résidence au sein de l’Ariana, Musée suisse de la céramique et du verre   ̶  et plus précisément dans ses collections   ̶  s’est apparenté pour moi à une exploration, à une immersion. Sa finalité n’était pas circonscrite mais ouverte à une multitude d’horizons. Je me suis plu à me perdre dans des univers modelés, façonnés, qui convoquent tour à tour des myriades de récits. 

Un sentiment de vertige s’est très tôt imposé. N’ayant pas le bagage universitaire ni même technique, je ne savais pas par où commencer ni même que choisir. Face à ce dilemme, je me suis dit que j’avais le luxe du choix et qu’il était donc judicieux de développer l’art du choix. C'est-à-dire une attitude éclectique. 

 

Cette dernière est un positionnement affirmé qui favorise la pluralité plus que l’univocité et qui s’avère tôt ou tard être partielle et donc partiale. Tel un explorateur, j’ai prospecté, observé, collecté, non pas avec des outils scientifiques mais davantage dans une forme libre et empirique. J’ai laissé place à l’imagination, à la rêverie, au télescopage et surtout à la multiplicité. 

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L’histoire de la céramique n’est qu’un perpétuel mouvement de savoir faire et de traditions entre différentes zones géographiques et différentes cultures (Chine, Japon, Moyen-Orient, les Amériques…). Quand on commence à décortiquer les motifs, les compositions et les détails techniques de plusieurs types de céramiques, on découvre qu’ils sont tous liés entre eux de prêt ou de loin. Des histoires d’interculturation et de transculturalité y sont tant visibles que lisibles. 

Lors de cette résidence, j’ai pu ainsi observer de nombreuses formes composites et multiculturelles liées à des périodes historiques distinctes. À chaque fois elles cherchent à répondre à des logiques d’offres et de demandes, de cultures souches et de cultures cibles ou encore de commandes. Dans ce contexte, j’ai découvert et me suis concentré sur certains style : Iznik, Imari, Kraak, Chine de commande, Bleu blanc ou encore Famille verte. Les méthodes d’appropriation, d’absorption et de reformulation y sont nombreuses et toujours très subtiles.

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De ce bagage, avec cette matière, j’ai décidé de développer un travail de collage ou plutôt de « bris-collage » pour souligner cette omniprésence de l’assemblage. Suite à un travail de sélection, j’ai pu isoler un certain nombre d’éléments graphiques selon des critères formels, esthétiques et subjectifs. Dans une logique de cumul et avec une fascination pour le morcellement, j’ai superposé des ensembles de plats, assiettes, bols et soucoupes pour composer des patchworks de porcelaine et de faïences. 

Un ensemble de prises de vue documente ce travail et j’ai le plaisir de le partager avec vous ici. Il servira de base pour un travail d’impression textile et/ou papier, notamment à l’aide de plantes naturelles pour rappeler cette omniprésence de l’iconographie végétale. 

Affaire à suivre ….

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