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A propos de l'accessibilité à l'Ariana
L’Art de se changer les idées
Par Martin Hébert, civiliste.
L'association Carrefour Rue (carrefour-rue.ch) à l'Ariana : des ateliers et des visites pour une immersion inédite dans les collections du musée.
Pousser la porte d’un musée n’est pas pour tout le monde une activité hebdomadaire, mensuelle, ni même annuelle. Quand s’ajoutent à cela d’autres circonstances de vie qui entravent le quotidien, il est parfaitement compréhensible que ce ne soit pas la première occupation qui vienne à l’esprit d’une personne atteinte d’une maladie, porteuse de handicap ou défavorisée. Pourtant, pour pallier le manque d’offre, le musée Ariana s’est, depuis plus de dix ans, investi d’une mission bien particulière : permettre à tous les types de publics, notamment ceux en difficulté, de visiter le bâtiment ainsi que les collections, et de vivre des expériences qui n’auraient pas lieu ailleurs.
C’est dans ce cadre qu’un partenariat a vu le jour entre le musée et l’association Carrefour Rue, qui, depuis une trentaine d’années, a pour but d’accompagner les personnes défavorisées dans leur processus de reconstruction. Si l’aide apportée par l’organisation est en général de nature vitale – logement, hygiène, repas -, elle peut aussi prendre des formes qui semblent moins essentielles, mais qui font des miracles pour la vie des bénéficiaires. Ainsi, les personnes logées par Carrefour Rue ont la chance d’avoir à disposition le Thé-Flon, un local qui, outre des petits-déjeuners gratuits, offre du matériel de peinture à ses visiteurs et un espace dédié à la création.
Dans ce même esprit, l’équipe de médiation du Musée Ariana a organisé trois ateliers pour les personnes qui sont hébergées par Carrefour Rue. En collaboration avec Thibault, travailleur social pour l’association, ainsi que les céramistes Anja et Esmat, les participants ont eu le bonheur d’assister à des visites guidées menées par les médiatrices du musée, avant de confectionner et de décorer leurs propres pièces en argile. Les deux céramistes professionnels ont commencé par enseigner diverses techniques de modelage aux artistes en herbe, qui ont pu utiliser aussi bien leurs mains que différents outils pour leurs créations.
Si une chose doit ressortir de ces ateliers, c’est le plaisir qu’ont pris toutes les personnes impliquées dans ce projet. Côté Ariana comme côté Carrefour Rue, tout le monde a ressenti une énergie très positive, des liens humains forts et une bonne humeur qui ne peut pas être prise pour acquise au vu des situations compliquées dans lesquelles se trouvent les participants. L’occasion était belle pour Pedro : « […] ça me permet de me concentrer sur une chose que je peux faire bien, parce qu’en général mon esprit va dans tous les sens, mais là, avec la céramique, mes pensées se tranquillisent. » Une sorte de temps calme bienvenu quand les priorités se trouvent ailleurs.
Les trois ateliers réalisés ont été un franc succès et les théâtres de moments humains très profonds. La simplicité du contact avec Carrefour Rue et le bonheur transmis à toutes les personnes présentes ne donnent qu’une envie : recommencer. De quoi augurer d’autres belles collaborations dans le futur.
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Martin Hébert : civiliste au Musée Ariana de février à mai 2024 ; actuellement étudiant en master en Sciences cognitives et rédacteur/monteur pour les réseaux sociaus à la RTS.