Des livres au Musée Ariana

#1 Gustave Revilliod et la littérature
Dès sa conception, le Musée Ariana a été pensé pour accueillir une bibliothèque. Cette volonté était toute naturelle en raison de l’attachement de son fondateur, Gustave Revilliod (1817-1890), pour les livres. Mais ce dernier ne se contentait pas de lire. Il était auteur, traducteur, éditeur et collectionneur.
L’auteur et le traducteur
Comme auteur, Gustave Revilliod écrivit une vingtaine d’ouvrages. Il publia le premier en 1845, âgé de moins de 30 ans, et le dernier en 1886, quelques années avant sa mort. Il travailla dans différents genres et sur des sujets variés. Par exemple, Les Fleurs de mon printemps (1867) est un recueil de poèmes, tandis que De Genève à Suez (1870) raconte son voyage effectué en Égypte pour représenter la Confédération helvétique lors de l’inauguration du Canal de Suez en 1869 [1].
Il traduisit également près de vingt ouvrages tels que Scènes de la vie californienne (1859) de Friedrich Gerstäcker ou La Hongrie, son développement intellectuel et politique (1860) de Karl-Maria Kertbeny [2].
[1] Ces ouvrages sont notamment disponibles à la Bibliothèque de Genève.
[2] Pour plus d’information sur ces activités, voir : GEHRING, Suzanne, La bibliothèque du Musée de l'Ariana léguée par Gustave Revilliod à la Ville de Genève : son intégration dans les fonds genevois, École de bibliothèques de Genève, 1976.

Charles-Louis-François Glardon (1825-1887), Gustave Revilliod en costume du matin, 1881. Émail peint sur or, sans fondant, 19,5 x 14,5 cm. MAH, legs GR, inv. AD 141
L’éditeur
Gustave Revilliod eut également à partir de 1852 une activité d’éditeur en partenariat avec les imprimeurs Fick. Ces derniers produisaient des ouvrages d’une grande qualité matérielle, ce que Gustave Revilliod recherchait également. Ainsi, sous son impulsion, furent imprimés durant près de trente ans de belles éditions d’ouvrages anciens et modernes. Il édita également beaucoup de ses propres ouvrages par ce moyen.

Gustave Revilliod, De Genève à Suez, 1e édition, Genève, Fick, 1870
Le collectionneur
Le grand père de Gustave Revilliod, François De la Rive, écrivit dans son testament : « Je désire fortement que ces chers petits-fils ou tout au moins l’un d’eux, s’attachent à la littérature, source de lumières, de douceurs, d’agrément et même de consolations ; je ne leur donne ce conseil que d’après ma propre expérience. Elle m’a procuré successivement tous ces avantages pendant le cours de ma longue vie. »
Ce désir a été exaucé, comme nous l’avons vu, de multiples manières. La dernière d’entre elles qu’il est intéressant de mentionner est le goût qu’avait Gustave Revilliod de collectionner des ouvrages. Il en rassembla plus de 10'000 au cours de son existence. Nous n’en donnerons pas le détail ici [1], mais nous pouvons toutefois mentionner une collection de plus de 200 bibles dans différentes langues et des livres offerts par des auteurs de renom tels que Jules Michelet ou Charles-Augustin Sainte-Beuve.
Cette collection fut transportée au Musée Ariana où elle fut installée dans une bibliothèque aménagée à cet effet et terminée en 1888.
[1] Le chapitre « Bibles en Dikele, en Kalmouk, en Rarotongais, en Kachmiri… coup d’œil sur la bibliothèque de l’Ariana » du livre Gustave Revilliod (1817-1890) : Un homme ouvert au monde donne davantage d’informations sur cette collection.

Musée Ariana, la bibliothèque, 1891. Photographie Robert Kaiser (1857-1899). BGE, CIG, inv. VG 5115/02
Hélas, la bibliothèque historique fut démontée à l’occasion du réaménagement de l’institution mené par Waldemar Deonna, directeur du musée de 1934 à 1951. La collection fut, quant à elle, dispersée dans d’autres bibliothèques à Genève. Aujourd’hui, seul le meuble néogothique réalisé sur commande pour Gustave Revilliod lui-même, qui se trouvait au fond de la pièce, sur la galerie, est encore visible au Musée Ariana.

Marc-Samuel Plojoux et Henri-Guillaume Sauer, Bibliothèque, 1872. Bois de noyer sculpté. Musée Ariana, inv. AD 9551