Série Vitrail #1
Le Chantier des collections de fragments de vitraux
par Ambre Oggier, historienne de l’art
À la fin de l’année 2024, le Musée Ariana inaugurera une exposition d’envergure consacrée au vitrail. En amont de cette exposition exceptionnelle présentant une seule typologie d’objets – le vitrail –, il a été nécessaire d’entreprendre un chantier des collections de vitraux. C’est dans ce contexte que j’ai intégré l’équipe du Musée Ariana en tant que stagiaire. Durant les quatre mois de mon stage, ma mission a été de procéder à un récolement de la collection de fragments de vitraux.
Peu le savent, mais, exceptés les vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, la quasi-intégralité de la collection de vitraux de la Ville de Genève est conservée au Musée Ariana. Outre les panneaux, les verrières, les rondels et les cives, une cinquantaine de boîtes en plexiglas conservent sagement un nombre impressionnant de fragments de vitraux aussi divers qu’intrigants. Depuis leur transfert du Musée d’art et d’histoire aux réserves de l’Ariana en l’an 2000, les fragments n’avaient plus été manipulés ni étudiés. En septembre dernier, le chantier des collections de fragments de vitraux a débuté : l’ensemble de la collection de vitraux et de fragments de vitraux a donc été attentivement passé en revue.
Lors du chantier des collections de fragments de vitraux, il a été établi que le Musée Ariana conserve un nombre important de fragments, à savoir 586. En comparant les fragments entre eux ainsi qu’aux panneaux lacunaires, il a été possible de regrouper certains fragments et de procéder, à la manière d’un puzzle, à un ré-assemblage des pièces de verre. Cependant, dans la majorité des cas, les fragments sont difficiles à identifier car ils n’appartiennent manifestement pas à un groupe ni à un panneau précis. Mais à quelques occasions, il a été possible de reconstituer des vitraux lacunaires car presque tous les fragments ont été conservés. Ainsi, certains vitraux ont pu être restaurés en vue de l’exposition sur le vitrail, alors que d’autres attendent encore sagement leur tour.
En parallèle de l’étude matérielle, la documentation a été d’une aide essentielle au cours de ce projet. Par exemple, les relevés des vitraux de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, effectués par Jacques Major avant leur dépose et leur restauration à la fin du 19e siècle, ont permis d’identifier formellement un ensemble de fragments à première vue hétéroclite, qui avait en fait servi de bouche-trous aux vitraux endommagés de la cathédrale avant d’être retirés lors de leur restauration. Par conséquent, ces fragments sont de précieux témoins de notre histoire patrimoniale qui doivent être valorisés et considérés à la fois pour leur valeur historique et leur valeur esthétique.
1. Vitrail et ses fragments ( inv. G611)
2. Fragments rassemblés de l’ensemble portant le numéro d’inventaire 674
3. Ensemble des fragments conservés dans la boîte AD 2616 avant le récolement
4. Fragments ayant servi de bouche-trous au vitrail de saint Paul de la cathédrale Saint-Pierre de Genève (AR 2023-10-01)
5. Détail du relevé réalisé par Jacques Major entre 1886 et 1888 du vitrail de saint Paul de la cathédrale Saint-Pierre de Genève
Copyright : © Musée Ariana, photo : Ambre Oggier