Textile et argile en joyeuse conversation

Durant les mois de février et mars, les femmes membres de l'association Camarada [1] se sont retrouvées au Musée Ariana pour laisser libre cours à leur créativité. Au programme, réaliser des objets autour de la thématique du pique-nique. Ce même thème a également inspiré l’artiste Chalotte Hodes pour la réalisation de l’exposition Conversations en plein air qui fut le point de départ du projet.
À travers ce sujet, Charlotte Hodes a souhaité questionner la place des femmes dans la société à travers une analogie entre la tradition picturale française des « Fêtes galantes » du 18e siècle et les réunions sociales en extérieur pendant la pandémie. Alors que les femmes ont souvent été reléguées au second plan, Charlotte Hodes place ses figures féminines au centre de la scène. Chacune est en pleine activité ou en discussions et cherche à entrer en contact avec ses congénères.
Partir de cette exposition n’est donc pas anodin. Le travail de l’artiste se concentre en effet autour de thématiques qui résonnent avec les valeurs de Camarada : la sororité, l’entraide et le partage.
Après une première visite dans l’exposition, les participantes ont été invitées à dessiner différents motifs et formes qui les ont inspirées. Une première étape essentielle pour s’approprier la thématique et imaginer son propre objet en terre.
Ensuite, les rencontres ont été consacrées à la conception d’un ou plusieurs ustensiles. Les participantes n’ont pas hésité à plonger leurs mains dans l’argile et façonner rapidement plusieurs formes : des bols, des assiettes, des tasses ; tous ces objets créés sont inspirés de la vie domestique à laquelle la femme est traditionnellement assimilée. Ici, l’ustensile de cuisine n’a plus un rôle utilitaire, il devient un vecteur d’expression.
Une fois les objets en terre terminés, place à l’atelier couture ! Dans une démarche d’upcycling, un groupe de femmes du centre s’est attelé à fabriquer des disques de tissus. Puis ces petites pièces ont permis à chaque participante de décorer ou même confectionner un set en tissu assorti à ses artefacts. Ainsi, l’argile et le textile entrent en conversation à travers une composition imaginée par les femmes de Camarada.
L’atmosphère des ateliers fut particulièrement calme et gaie. Un rire ou une exclamation venait parfois rompre joyeusement un silence. Puis chacune se concentrait à nouveau soigneusement sur ses créations. Cette ambiance sereine et légère montre que les femmes ont su trouver leur place et déposer à la porte du musée, les soucis d’un quotidien parfois difficile.
Cette série d’ateliers a donné lieu à une exposition au Musée Ariana. À l’issue de celle-ci, chaque participante a pu récupérer ses créations en argile et tissus, et ainsi leur donner une nouvelle vie dans leur foyer.


[1] Camarada est une association à but non lucratif créée à Genève en 1982. Elle soutient les personnes en situation de vulnérabilité issues de la migration, principalement des femmes et agit au plus près des besoins de son public. Elle offre un espace d’accueil, d’écoute, d’entraide, de formation, d’intégration sociale et citoyenne et d’insertion professionnelle.