Philippe Barde (Genève/Suisse, 1955)

céramiste
Eléments biographiques/historiques

Philippe Barde compte aujourd'hui parmi les artistes céramistes suisses dont le travail est mondialement reconnu, honoré par les plus hautes distinctions.

Il acquiert sa formation de base en céramique aux côtés de Philippe Lambercy, dans le cadre de l'École des arts décoratifs de Genève, une institution qu'il rejoindra ensuite en qualité d'enseignant. Il initiera plus tard la création du Cercco – Centre d'expérimentation et de réalisation en céramique contemporaine de la Haute École d'art et de design de Genève – et le dirigera pendant plusieurs années.

Vers la fin des années 1970, quand Barde amorce son parcours personnel, la scène céramique est encore largement dominée par la pratique du grès émaillé, du tournage et du modelage. La densité de la matière et la gestuelle de celui qui la façonne y sont souvent mises en exergue. Séduit par la transparence et la légèreté (il s'était d'abord dirigé vers l'art du vitrail), l'artiste en devenir aspire à une forme d'expression qui exposerait sa pensée plutôt que sa main, ses intentions plutôt que son savoir-faire. Une expression céramique qui ferait oublier le poids du travail d'atelier, la technicité complexe et fastidieuse qui caractérise le médium.
Barde développera bientôt une prédilection pour la porcelaine, à cause de sa réceptivité toute en finesse et de sa présence discrète. De tous les matériaux céramiques c'est celui qui lui paraît le plus apte à traduire la vérité du geste, à révéler la forme avec toute la précision voulue. Et pour alléger autant que possible les traces de ses propres interventions, il privilégiera toujours plus le moulage. Le moulage ne se réduit pas en l'occurrence à un simple procédé de duplication mécanique, il sert au contraire à mesurer le comportement du matériau dans ses plus subtiles manifestations, comme il sert à analyser la forme et le regard que nous y portons.

Les œuvres de Barde tirent souvent leur forme de base d'un objet « trouvé » : un caillou, un moule du céramiste Paul Bonifas, une calotte de crâne humain ou un moulage ancien de bourgeon végétal. Le travail de l'artiste consiste alors à décrypter cette forme, à la déconstruire, à la manipuler pour mieux la réinvestir. Ce processus comporte à l'évidence une forte composante conceptuelle, sans aboutir pour autant à un exercice de style désincarné. La matière n'est pas seulement le support de la pensée, elle l'inspire littéralement. La démarche de Barde témoigne de sa curiosité avisée pour les expérimentations les plus diverses qu'il observe sur la scène globale de l'art contemporain et qu’il intègre parfois dans son œuvre céramique au gré d’éclairages extra-disciplinaires.

Depuis plus de vingt ans, Barde a multiplié les résidences d'artiste en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique du Nord. Chaque séjour est pour lui l'occasion de se confronter à la culture et aux pratiques céramiques du lieu, des explorations qui laisseront des traces dans son travail. De même les collaborations artistiques qu’il poursuit sur le long terme – par exemple avec l'artiste japonais Toshio Matsui (1955) – nourrissent ses réflexions et son travail.

L’univers de Barde s’appréhende par de multiples entrées, où la rigueur du propos peut à tout moment basculer vers l'émotion et le rêve. Son œuvre est pensée et ressentie, de manière à ce que l'idée ne prenne jamais le dessus sur la matière, et inversement.

Bibliographie

Philippe Barde, [exposition Galerie Rosa Turetsky], Genève, 1998 (Mentionné)

Roland Blaettler et alii, PB Paul Bonifas revisité par Philippe Barde, [exposition Genève, Galerie Lionel Latham, 7.10-6.11.2010], Genève, 2010 (Mentionné)

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