Setsuko Nagasawa (Kyoto/Japon, 1941)

Originaire de Kyoto, née dans une famille traditionnelle et cultivée, Setsuko Nagasawa s’émancipe du milieu aisé et codifié dans lequel elle a grandi en rejoignant la France, puis la Suisse, quelques années après la fin de ses études de céramique. Les deux pays, où elle a complété sa formation de plasticienne, lui offrent une nouvelle perspective face à l’apprentissage classique et normatif du Japon.

C’est en 1977 qu’elle ose son premier geste d’artiste. En mélangeant le grès à la porcelaine sur un même objet ou l’émail à la masse de porcelaine, Nagasawa s’oppose à la traditionnelle céramique japonaise pour revenir à l’essentiel, c’est-à-dire à la nature profonde du matériau.

Au fil des années, l’artiste explore le monde des volumes et poursuit sa transformation des matières premières pour leur donner une nouvelle texture et densité. Mais comme l’éphémère la fascine et que la géométrie aux règles strictes relève au contraire d’une forme d’éternité, elle laisse toujours quelque chose d’imparfait, d’inachevé dans son œuvre. Dans ses Polyèdres de plaques d’argile créés en 1994, ce sont par exemple les jointures qui marquent cette rupture et montrent la fragilité, l’écroulement possible.

En 2005, elle quitte le poste d’enseignante et de responsable de la section Design-Objet, qu’elle occupait depuis 1979 à l’Ecole des arts décoratifs de Genève, pour s’installer à Paris. Cette nouvelle situation engendre un changement de technique, son processus de création n’étant pas systématique mais répondant à des stimulations inattendues. Pour la première fois, l’artiste travaille la terre cuite. Dans ce nouveau projet « Terracotta », elle se résout à simplifier sa technique et ses formes car c’est ainsi que la matière apparaît comme la forme la plus primitive du geste céramique.

Aujourd’hui, Setsuko Nagasawa a renoué avec sa ville natale où elle expose régulièrement. Néanmoins, son art est sans frontière. La seule patrie de son imaginaire, c'est l'instant présent.