Après la chute de la République de Venise, en 1797, la production verrière semblait au point mort. Les entreprises fermaient l’une après l’autre. Les survivantes ne donnaient plus que des pièces simples. L’Autriche, qui s’était retrouvée propriétaire de la Vénétie en 1815, encourageait en priorité le verre de Bohême. Il faudra attendre le rattachement à la jeune Italie, en 1866, pour que des manufactures renaissent ou reprennent du poil de la bête.
Encore convenait-il de retrouver des techniques perdues! C’est ainsi que l’essentiel de la production de luxe de la fin du 19e siècle se basera sur des modèles évoquant l’âge d’or de la Renaissance.
L’Art Nouveau, dès 1900, allait réveiller la créativité. Une maison comme Barovier, fondée en 1295 (Seguso ne date que de 1397!), retrouvait le devant de la scène avec des pièces uniques. Un artiste aussi polyvalent que Vittorio Zecchin signait, lui, des modèles simples mettant en valeur le talent des artisans. Ce sont les fameux soffiati. De nouvelles firmes naissaient après la guerre, comme Venini. Ancien avocat, le Milanais Paolo Venini engageait comme designers des architectes dont Carlo Scarpa ou Tomaso Buzzi. Ou un sculpteur comme Napoleone Martinuzzi. Leurs modèles étaient modernes, dans la mesure où ils échappaient à l’esthétique Art déco. Des manifestations internationales du genre Triennale de Milan ou Biennale de Venise faisaient connaître ces nouveautés sur le plan international en dépit d’un climat politique devenu lourd.
L’évidence de maisons comme Barovier ou Venini ne doit pas faire oublier l’existence de petites entreprises, souvent éphémères, dont on sait peu de choses. Elles ont pourtant produit quantité de pièces, en suivant les tendances du jour. Énormément de spécimens échappent du coup à une attribution possible, faute de signature ou d’étiquette. La connaissance progresse cependant. On en sait davantage aujourd’hui sur les maisons AVEM ou Alfredo Barbini. Ces dernières se feront surtout connaître dans les années 1950, après une pause obligée allant de la chute du fascisme en 1943 à la fin de la guerre en 1945.
Etienne Dumont, critique d'art et collectionneur passionné, avait accepté au printemps 2020 de réaliser une présentation "carte blanche" pour le Musée Ariana. Il avait alors choisi de mettre en scène des pièces de Murano datant des années 1930. Son texte est ici repris dans sa quasi intégralité pour documenter cette histoire.
Photo: Jean-Marc Cherix
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