Qui n’a pas dégusté un repas servi sur une assiette bleue et blanche en contemplant son décor ? Dans le Royaume-Uni du 19e siècle, le « Bleu et blanc » est alors une véritable mode.
Le décor au motif du saule en particulier, plus connu sous le nom de Willow Pattern, se décline sous de nombreuses variantes et connaît un immense succès. Symbole même d’un véritable culte pour les chinoiseries, ce motif représente aussi le décor le plus répandu de la variété populaire du style « Bleu et blanc ».
Tout chinois qu’il paraisse, et bien qu’il soit dérivé de motifs peints sur la porcelaine chinoise du début du 18e siècle, le Willow Pattern – ou motif du saule – est une création anglaise. Le décor raconte une histoire romantique qui a été spécifiquement inventée pour promouvoir la diffusion de cette production britannique.
Koong-se et Chang sont amoureux. Leur liaison est hélas impossible car la première est fille d’un mandarin et le second, son secrétaire, éduqué mais pauvre. Le père promet la main de sa fille à un riche noble. La date du mariage approchant, les amants décident de s’enfuir par un petit pont, sis au pied d’un saule, et s’abritent chez une fidèle servante, de l’autre côté du pont. Le vieux mandarin les poursuit, les obligeant à braver les eaux dangereuses du fleuve. Ils trouvent enfin refuge sur une petite île tandis que deux oiseaux en vol célèbrent leur union.
Le décor du Willow Pattern représente plusieurs moments de ce conte : la fuite par un petit pont, au pied d’un saule, la poursuite, l’abri chez la servante, la traversée en bateau puis l’île salvatrice au lointain et le couple d’oiseaux dans le ciel.
Il a été composé dans les années 1780 par Josiah Spode qui s’inspirait des paysages de rivière ornant les porcelaines chinoises d’exportation pour décorer les faïences fines produites dans sa propre manufacture, à Stoke-on-Trent. Les innovations techniques de Spode, considérées comme symbole d’une nouvelle ère industrielle et libérale, jouèrent aussi un grand rôle dans la diffusion à succès du Willow Pattern. En effet, la technique d’impression des motifs par transfert permettait une augmentation massive de la production ; elle fit alors de la faïence fine à décor imprimé un produit bien plus abordable que la porcelaine peinte à la main.
Bien des manufactures ailleurs dans le monde reprirent ensuite le Willow Pattern dans leur production. Le succès perdure encore aujourd’hui et le décor est réinterprété par de nombreux artistes contemporains.
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