Assiette « Signes des Temps: Incertain »

"Toutes les couches de la société se retrouvent au centre des assiettes imprimées: étrangers (en particulier Anglais, Allemands, Noirs et peuples colonisés), domestiques, patrons, paysans, militaires, femmes, hommes, enfants. Personne n’est épargné! Cela s’explique en partie par une démocratisation des assiettes parlantes en faïence fi ne; les manufactures veulent toucher une clientèle issue de milieux différents de la ville à la campagne. À travers la satire sociale ou la caricature des moeurs, l’humour est toujours présent. Sur les assiettes, les blagues, clichés, calembours, allusions et sous-entendus sont nombreux dans un langage parfois codifié: «Chasse à la biche», «Misérable! Fallait donc l’dire que vos brouettes n’étaient faites que pour les femmes légères!». Les assiettes satiriques vont du «Duel de marquises» jusqu’aux domestiques qui prennent le pouvoir et tournent en dérision leurs patrons. Dans «Signes des Temps» de Sarreguemines, des assiettes monochromes imprimées en violet de manganèse mettent en scène des couples dont l’humeur est liée aux conditions météorologiques. Dans «Temps incertain», un homme, avec une femme à chaque bras, hésite; mais il y a aussi des scènes de ménage, de violence conjugale («Tempête» et «Dègel» [sic] ). Il existe également une version avec les mêmes décors, mais avec des inscriptions en allemand – «Stürmish», «Unbeständig» – dont le titre général est Wetterstand." Ana Quintero Pérez, « Assiettes parlantes, décors historiés imprimés sur faïence fine au 19e siècle », 2017, (brochure de l'exposition). Dans leur monographie sur la céramique de Sarreguemines ("Sarreguemines", coll. Faïences et porcelaines de l'est, 1975, p. 34, 36 et 39), Yvonne Brossard et Alain Jacob ont publié deux assiettes de la série "Signes des Temps" ("Incertain" et "Froid"). La légende de l'illustration précise que cette série a également été produite avec les inscriptions en langue allemande. Les auteurs ajoutent en outre à propos des assiettes à sujet humoristique: "Il existe toute une production qui laisse libre cours au goût de la plaisanterie; plaisanterie facile, d'ailleurs, d'un niveau pas toujours très relevé, mais qui dispensait à son public d'alors, une franche et saine gaieté. On riait plus facilement autrefois, surtout dans les campagnes reculées où les distractions étaient rares. De la même façon qu'on aimait feuilleter l'almanach à la veillée, on s'amusait à la lecture des dialogues imprimés sur les faïences et servant de commentaires à de véritables petites saynètes".