Boîte à épices, dite kešvar

Ce décor en damier est nommé châdor shabî, « couverture à carreaux » (CENTLIVRES-DEMONT 1971, p. 38, 46-47, fig. 1 p. 110, fig. 5 p. 112). Selon Micheline Centlivres-Demont, l'origine des décors géométriques est très fréquemment un objet appartenant au quotidien. D'ailleurs, les noms de ces décors y sont associés : couvertures, broderies, escaliers, etc. Le châdor shabî est repris sous la forme d'un bandeau situé sur le marli des assiettes (No AR 2011-157) avec, sur le fond, une rosace de boutons de fleur (golî). Différentes hypothèses expliquent le nombre de compartiments. Pour Micheline Centlivres-Demont, les six compartiments du keshvar - signifiant « pays » - représentent « les provinces d'un pays, le septième compartiment, central, constituant la capitale » (CENTLIVRES-DEMONT 1971, p. 38). D'autre part, une coupe à sept réceptacles est utilisée pour la table traditionnelle des haft sin (les sept « s ») à l'occasion du Nowruz, nouvel an fêté le premier jour du printemps (voir inv. 7349). L'ensemble de céramiques de Meybod conservé au Musée Ariana compte deux boîtes à épices, pièces assez rares. La seconde (No AR 2011-210), sans couvercle, est ornée d'un décor compartimenté peint en brun et turquoise qui allie des motifs géométriques et végétaux à la figure de l'oiseau. Une troisième boîte de ce type (CENTLIVRES-DEMONT 1975, fig. 24) comporte le décor châdor shabî avec une prise en forme d'oiseau beaucoup plus travaillée, à commencer par la forme même de l'oiseau, mais aussi les ailes et la queue peintes avec une grande minutie, contrairement à l'oiseau de la boîte à épices No AR 2011-168 qui n'est évoqué que par quelques traits sommaires et dont la forme est très simplifiée.