Flacon de cheminée

Baccarat, vers 1860
MM-1482137 MM-045128
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Descriptif de l'œuvre

Notice
Très en vogue dès le début du XIXe siècle, les opalines agrémentent avec élégance et fantaisie les intérieurs de l’aristocratie et de la bourgeoisie françaises. Les grandes cristalleries – telles que Baccarat ou Saint-Louis (fondées respectivement en 1764 et 1767) –, les déclinent dans un éventail de couleurs et de formes audacieuses. Les opalines tombent en disgrâce au tournant du XXe siècle, alors que de nombreuses verreries inondent les foyers de productions populaires, souvent de moindre qualité. Aujourd’hui avec leur charme suranné, ces pièces induisent peu de réactions en demi-teintes ; elles évoquent pour les uns une originalité admirable, et personnifient pour les autres le summum du kitsch. Une opaline est un verre ou un cristal « rendu soit opaque par l’adjonction d’oxyde d’étain, soit légèrement opalescent par la présence de cendres d’os ou de corne » (Larousse). Les opalines sont à distinguer des verres opalins (porcelaine de verre, blanc de lait ou lattimo), procédés principalement développés aux XVIe-XVIIIe siècles pour imiter la porcelaine de Chine. Les progrès de l’industrie du cristal conduisent à des changements techniques au fil du XIXe siècle. L’opaline blanche des débuts (1800-1810) – ou « cristal d’opale » – côtoie bientôt un nouveau procédé, mêlant silice, potasse, chaux et acide phosphorique (voire quelquefois nitrate de potassium). Cette autre opaline blanche, dite « pâte de riz » (car rappelant l’eau de riz), connaît un succès marqué à partir des années 1840. Il s’agit d’un verre semi-opaque, qui se décline, par l’adjonction d’oxydes métalliques, dans les tons rose (emploi de sels d’or), jaune (oxyde jaune d’uranium), bleu (oxyde de cuivre ou de cobalt) ou encore vert (oxydes de cuivre et d’uranium jaune ou oxydes de cuivre et de fer). Dans le premier tiers du XIXe siècle, le néoclassicisme ambiant (courant artistique initié au XVIIIe siècle et fondé sur le regain d’intérêt porté à l’Antiquité) conduit à adopter des formes simples et équilibrées, inspirées des arts grec, romain, étrusque et égyptien. Des lignes plus fantaisistes font leur apparition dans le second tiers du XIXe siècle, à partir du règne de Louis-Philippe (1830-1848). Les améliorations techniques – notamment au niveau du moulage – permettent de diversifier les formes, qui tendent d’abord à s’arrondir (volumes « balustre »). D’autres influences étrangères se confirment alors : la comparaison avec les céramiques et verres moyen et extrême-orientaux (dont les fameux vases « cornet » chinois et japonais), ou avec la verrerie bohémienne (pièces moulées imitant des fleurs ou des fruits exotiques, auxquelles appartient le décor « ananas ») en témoignent. La mode de l’opaline continue de s’affirmer sous la Deuxième République (1848-1851), puis sous le Second Empire (1851-1870). Elle donne naissance à de nouvelles formes, élégantes et gracieuses, ayant tendance à s’étirer en hauteur. La pâte de riz est d’abord destinée à la fabrication d’objets de luxe. Dès les années 1850, elle devient cependant d’utilisation courante, et accompagne des créations aux décors moulés, comportant des reliefs accusés. Lorsqu’un modèle plaît, il est rapidement imité par les manufactures concurrentes. Les opalines ne portant pratiquement jamais de marque de fabrique, il devient parfois très délicat d’en déterminer la provenance exacte. Dans le dernier tiers du XIXe siècle, l’opaline entre dans une période considérée comme décadente. Les procédés de fabrication, adoptés par des établissements moins prestigieux, se trouvent popularisés à travers une production dont la qualité artistique est aujourd’hui jugée sévèrement par les spécialistes : « C'est l'époque de la fusion des usines de Vallérysthal et de Portieux [1870-1875], vieille verrerie des Vosges […] Cette dernière a commis aux environs de 1880 d'innombrables objets en pâte de riz d'une touchante hideur : coquetiers, petites corbeilles de vannerie, mains tenant un cornet, poules de toutes dimensions et de toutes couleurs, souvent peintes à froid. Décolorés, ébréchés, ils achèvent leur modeste carrière parmi le bric-à-brac de la foire aux puces […] Vases vieillots, frères de ceux qui ornent encore les autels des églises de campagne et les parloirs des couvents de province […] Certes, l'usine de Vallérysthal a fait beaucoup d'opaline ; peut-être pour le bon renom de cette dernière, eût-il mieux valu qu'elle en fît moins ? » (cf. : Yolande Amic, L’Opaline française au XIXe siècle, 1952, p. 120). Ces articles moins raffinés ont d’ailleurs pris au XXe siècle le nom d’opalines de bazar, ou d’opalines de foire. La France en produira jusque dans les années 1930. L’art verrier connaît une véritable renaissance durant le dernier quart du XIXe siècle, grâce au mouvement Art nouveau. En termes d’invention, les opalines tombent alors peu à peu en désuétude, ne pouvant concurrencer les créations sorties des ateliers d’Émile Gallé (1846-1904) ou d’Auguste Daum (1853-1909). Elles n’en demeurent pas moins un repère incontournable de l’histoire du verre français (Stanislas Anthonioz, 2016).
verre opalin bleu cobalt ponctué d'or moulé, décor en relief (fleurs en semis)
haut.: 14.2 cm diam.: 6.5 cm
N° inventaire
AD 1524-1

Plus d'informations

Achat, 1963

Bibliographie de l'œuvre

, Genève, 1964, p. 304 (Oeuvre)

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Cristalleries de Baccarat (1764 - ), manufacture
Flacon de cheminée, Baccarat, vers 1860
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Cristalleries de Baccarat (1764 - ), manufacture
Presse-papiers, France, 1848