Flacon à eau-de-vie

« LES DÉBUTS DE LA PRODUCTION DE VERRE À SCHANGNAU ET À FLÜHLI, 1720-1730 : Flacon rectangulaire à pans coupés et incurvés, épaulement arrondi, col resserré, fond légèrement convexe. Verre teinté bleu, soufflé en moule, décor peint aux émaux polychromes, pas de vis en étain. Sur les parois, entre deux bandeaux horizontaux (formés chacun de trois filets, deux linéaires et un enroulé), d’un côté un lièvre bondissant, et de l’autre l’inscription « Lieb du mich wie Ich dich nit mehr beger Ich 1723 » (« Aime-moi comme je t’aime, c’est tout ce que je désire ») ; sur les flancs, un bouquet de fleurs comprenant un brin de muguet. Les premiers verres vraisemblablement produits à Flühli révèlent l’origine des artisans. La peinture à l’émail d’un flacon à eau-de-vie daté de 1723 (cat. 1) – correspondant à la première année de production – est identique à celle d’autres verres fabriqués de 1716 à 1722 dans la Forêt-Noire, ou en 1720 à Schangnau, tout près de l’Entlebuch. Durant cette première phase de production des verreries de Flühli, entre 1723 et 1730, la peinture à l’émail montre des tons pastel vert clair et bleu clair, que complètent quelques touches de couleurs vives, ocre ou rouille. Les brins de muguet, dessinés avec finesse, sont un sujet très apprécié. Des lignes blanches marquent le contour des fleurs à pointes, des roses et des feuilles lancéolées, ou mettent en évidence les tiges des fleurs et les bordures à demi-cercles. Des traits transversaux donnent une structure aux tiges blanches. Les sujets sont rayés de hachures brun rouge, parfois très fines, mais souvent gauchement dessinées (cat. 5, 6 et 7). Sur le verre opalin, des lignes noires marquent le contour des calices de roses et de bleuets, des feuilles lancéolées et des fleurs à pointes (cat. 2). Ce type de décor, dont les origines remontent loin en arrière au XVIIe siècle, marque la phase finale de la peinture à l’émail, très appréciée et produite dans toute l’Europe centrale. Ses lignes, dessinant les contours et les rehauts de hachures, rappellent les techniques de la gravure » (cf. : Verre émaillé en Suisse, XVIIIe-XIXe siècles, collections du Musée Ariana à Genève, Milan, 5 Continents, 2017, p. 39).