Plat

Si les décors d'animaux apparaissent ponctuellement dans la céramique d'Iznik, à partir des années 1520-1530, ils deviennent plus courants à partir des années 1560. Ces animaux, aux silhouettes stéréotypées, ne se touchent jamais et n'interagissent que très rarement entre eux, formant plutôt une sorte de semis décoratif. Ils évoluent tout d'abord dans un paysage au sol accidenté ou émaillé de cyprès. Dans les années 1580, les animaux sont séparés par des formes rouges imprécises. Selon Marian Wenzel, c'est l'orfèvrerie balkanique des XIVè et XVè siècles, des régions de Raguse, de Bosnie et de Serbie qui serait à l'origine de ces décors animaliers. Elle a elle-même influencé les pièces de vaisselle en argent et en argent doré réalisées en Turquie sous les règnes de Soliman le Magnifique (1520-1566) et ses descendants. Ces plats, chopes et aiguières portent souvent le "tugra", marque de contrôle du sultan. Les sultans avaient un goût prononcé pour les animaux sauvages, s'adonnant à la chasse et conservant une riche ménagerie. Selon Wenzel, la variété des animaux représentés ici évoque probablement les jardins du Paradis, dans lequel le lion y joue non pas le rôle de prédation mais bien de protection des autres animaux. Ce type de décor animalier se retrouve dans l'argenterie byzantine (cf. Fehérvári, n°257-258). Selon Marian Wenzel, ce type de motif évoque les jardins du Paradis, l'âme humaine y est généralement représentée sous la forme d'un cerf, protégé et non pas chassé par les lions. Une variante avec un cerf est conservée au Victoria & Albert Museum de Londres.