Plat

L'origine du motif d'écailles témoigne d'une double influence, orientale et occidentale. On retrouve les écailles sur la carapace des animaux fabuleux chinois (dragons, poissons, "qilins") des porcelaine chinoises du 14e s.. De même, les écailles apparaissent fréquemment sur les marlis des majoliques de la Renaissance italienne, en particulier celles de Deruta. Quelle que soit l'origine de l'emprunt, les peintres d'Iznik ont utilisé le motif d'écailles dans une conception tout à fait novatrice et originale, très éloignée des sources potentielles. Le motif de "vagues et rochers" est clairement inspiré de prototypes en porcelaine chinoise. Il est une déformation du motif de vagues déferlantes que l'on observe sur le marli des grands plats en porcelaine décorée en bleu de cobalt d'époque Yuan (1279-1368). A Iznik, ce motif réservé aux bordures, se stylise progressivement jusqu'à devenir purement ornemental. L'écume des vagues se mue en zone blanche et la vague elle-même se fragmente en multiples virgules, qualifiées de "rochers" par les historiens de l'art moderne, d'où l'appellation "vagues et rochers" communément employée. Réalisé en camaïeu bleu ou noir, il est parfois rehaussé de touches de couleur. Longtemps associé à un motif bouddhiste, dit cintamani (joyau sacré) en sanskrit, le motif des trois points est très populaire dans le répertoire décoratif ottoman, notamment dans les textiles.