Plat

paradoxalement, des édits somptuaires promulgués par Louis XIV. Confronté à la situation financière pitoyable de son royaume, le Roi Soleil enjoint à la noblesse de fondre sa vaisselle d'or et d'argent au profit du Trésor. Il faudra bien alors trouver une vaisselle de substitution et cette petite révolution va bénéficier à la production faïencière et multiplier ses manufactures.

Le sud de la France constitue l’un des foyers céramique en pleine expansion, en particulier à Marseille et à Moustiers. Pierre Clérissy (1651/52-1728) crée la première fabrique moustérienne en 1679, après avoir appris le métier à Marseille, probablement auprès de potiers originaires de Nevers (France) ou de Delft (Pays-Bas). Contrairement aux autres centres français de l'époque, Moustiers saura se préserver des influences extérieures en proposant d'emblée une palette de décors originaux.

Le décor « Berain », caractéristique du plat illustré ici, est l'une des premières inventions qui feront la réputation de Moustiers. Sur le fond se dessine une ornementation de grotesques, avec au centre Jupiter chevauchant un aigle, flanqué de putti et orné de lambrequins tandis que sur le bord se développe une frise de rinceaux.

L’attribution à Clérissy de ce plat ovale au bord chantourné demeure incertaine, car de nombreuses manufactures de France, et même d’Italie, ont ensuite abondamment imité ce type de décor.