Terrine

Les soupières, comme leur nom l'indique, ou les bols ou encore les écuelles avec couvercle sont utilisés pour la soupe. On connaît six exemplaires datés de cette forme (Cat. 67) avec deux poignées modelées et un couvercle avec un bouton de préhension en forme de fruit (grenade) qui s'étalent entre 1782 (SMB, Inv. IV-523) et 1785 (SNM, Inv. LM-3260). Une unique terrine de ce type, datée de 1806, est un « suiveur » reconnaissable et présente un couvercle typologiquement plus récent avec un bouton de préhension en forme de volute (RML, Inv. A215). Des couvercles avec des poignées en forme de grenade apparaissent cependant déjà sur d'autres formes de soupière, pour la première fois en 1773 (BHM, Inv. 5995) et pour la dernière fois en 1821 (MKB, Inv. VI-3964). Un total de 52 de ces couvercles sont connus. La soupière appartient au groupe des très nombreuses soupières de Langnau avec des couvercles présentant différentes prises en forme de fruits (pommes, poires, prunes, grenades). Les modèles de ces poignées doivent être recherchées dans le domaine des faïences, faïences fines et porcelaines produites simultanément. Et particulièrement dans la fabrique de Kilchberg-Schooren du canton de Zurich qui a produit des fruits qui correspondent parfaitement aux modèles de Langnau. Comme Adam Spengler, le directeur de Kilchberg-Schooren, était précédemment le directeur de la faïencerie Frisching de Berne, ces correspondances stylistiques renvoient aux mêmes concordances typologiques entre la production Frisching de Berne sous son directeur Daniel Herrman (1736-1798) et la production des céramiques de Langnau qui a suivie, après la fin de la manufacture en 1776. On peut donc supposer que les deux directeurs, aussi bien Adam Spengler que Daniel Herrmann, ont emporté des moules (des matrices) ou des modèles en plâtre de la faïencerie de Berne et les ont par la suite utilisés pour leurs productions respectives sur leurs nouveaux lieux de travail. Les soupières qui, au lieu de poignées annulaires, ont deux poignées de préhension en forme de pattes (Cat. 68) et qui présentent un décor moucheté à l¿extérieur appartiennent à une période qui débute aux environs de 1780 (FWMC, Inv. C. 1913-1928). Après 1807, on ne trouve plus de soupières de cette sorte. Ce type de couvercle qui correspond au décor de la base de la soupière, avec une prise en forme de fruits sous la forme d'une petite pomme ou d'un coing, a une durée de vie, selon nos connaissances actuelles, qui s'établit entre 1786 (RML, Inv. A186) et 1796 (CFMJ, Inv. 165). Par conséquent, la présente soupière (Cat. 68) pourrait probablement avoir été produite entre 1780, au plus tôt et 1800, au plus tard.