La collection de vitraux du musée
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Élément constitutif de l’architecture romane (9e–12e siècles) puis gothique (12e–15e siècles), le vitrail connaît un essor majeur en Occident, durant le Moyen Âge.
Au sein de la collection du Musée Ariana, les vitraux de cette période sont constitués le plus souvent de verres teints dans la masse, indissociables de leur résille de plomb et de leurs rehauts de grisaille. La production des 14e et 15e siècles bénéficie toutefois d’une luminosité accrue, notamment grâce aux tonalités éclatantes de la technique du jaune d’argent. Un verre transparent incolore peut devenir le support d’une scène colorée, dans des nuances allant du jaune (jaune d’argent) au noir (grisaille). La technique renforce l’usage de la peinture sur verre, et conduit les peintres verriers à réduire l’utilisation des plombs de sertissage.
Apparu à la fin du Moyen Âge, le vitrail héraldique rencontre très rapidement un vif succès en Suisse. Symbole d’identité sociale auparavant réservé à la noblesse, les armoiries intègrent l’ensemble de la société dès la Renaissance. Dans une volonté de légitimation et d’appartenance à une communauté, les citoyens se fabriquent eux-mêmes leurs propres blasons. Traditionnellement, les vitraux héraldiques représentent des armoiries – souvent accompagnées de personnages victorieux –, dans un cadre architectural avec des scènes figurées dans la partie supérieure.
Le Musée Ariana conserve une belle collection de vitraux héraldiques suisses datant du 15e au 19e siècle, attestant de l’important succès que connut cette typologie de vitraux sur notre territoire.
La Renaissance et le mouvement humaniste encouragent le développement de sujets profanes dans les arts. Ce changement de paradigme se ressent également dans l’art du vitrail, même si la religion demeure la thématique la plus représentée.
À cette même période se développent les vitraux de petits formats, servant à être insérés dans des fenêtres à cives de bâtiments civils. Le vitrail n’est dès lors plus uniquement réservé aux verrières monumentales ornant les églises et les cathédrales du nord de l’Europe. La recherche de lumière dans les intérieurs des 17e et 18e siècles entraîne en outre l’éclaircissement des vitraux.
Après les bouleversements sociaux-politiques traversés par l’Europe à la fin du 18e siècle, le vitrail connaît un véritable renouveau au début du 19e siècle. Ce mouvement se manifeste en partie avec le vitrail dit « historiciste », qui imite et interprète les créations des siècles passés. Ce courant aboutit à des pièces de style néo-gothique ou inspirées de la Renaissance, vouées à intégrer autant des édifices historiques que contemporains. Dans les années 1880, le maître verrier bernois Johann Heinrich Müller réalise ainsi le cycle des 18 vitraux qui ornent la coupole du Musée Ariana… dans un style du 16e siècle.
La redécouverte progressive des pratiques d’atelier anciennes ouvre la voie à une période féconde. La fin du 19e siècle est marquée par la vogue des vitraux ornementaux destinés aux habitations privées et aux édifices publics, et par le retour à la nature de l’Art nouveau et du Japonisme. Le vitrail du 20e siècle témoigne d’une créativité foisonnante, en devenant notamment le support de l’Abstraction.
En vidéo
Le Musée Ariana présente une nouvelle websérie sur le thème "L'architecture comme collection". Le premier volet est consacré aux vitraux dans l'architecture du musée. Bon visionnage !
Vitrosearch
Vitrosearch est une plateforme de publication en ligne en libre accès. Le Vitrocentre Romont publie depuis sa création ses recherches effectuées dans les domaines du vitrail, du verre et de la peinture sous verre.
Désormais, 231 entrées du projet en cours "Corpus Vitrearum Suisse: les vitraux historiques des collections publiques de la Ville de Genève", fruit d'une collaboration avec le Vitrocentre Romont et le Musée Ariana, sont consultable sur vitrosearch.