Daniel de Montmollin (Saint-Aubin, 1921)

céramiste
Eléments biographiques/historiques

Né en 1921 à Saint-Aubin dans le canton de Neuchâtel (Suisse), Frère Daniel de Montmollin vit et travaille dans la communauté religieuse de Taizé en Bourgogne (France).
Daniel de Montmollin est mobilisé durant la 2e Guerre mondiale à Savatan (VD, Suisse), où il effectue 800 jours de service militaire parallèlement à ses études de théologie. Après avoir fait connaissance de Frère Roger (1915-2005), il participe à la fondation de la communauté de Taizé qu’il rejoint en 1942.
La communauté adopte alors vingt-cinq enfants orphelins de guerre. Parmi les loisirs organisés pour les pensionnaires, comptait la fabrication de santons. C’est en 1949, afin d’obtenir de l’argile pour les santons, que Frère Daniel rencontre à Cluny le céramiste Alexandre Kostanda (1921-2007), exilé polonais. Dans son atelier, Frère Daniel éprouve un véritable choc émotif. Poussé par Frère Roger, Daniel apprend les premiers rudiments du travail de la terre auprès de Kostanda, dans la double intention de mettre sur pied un atelier personnel et une petite manufacture à Taizé. Frère Daniel part ensuite à Biot (Alpes-Maritimes) durant trois mois afin de compléter sa formation auprès d’un tourneur infirme (il lui manque des doigts), qui n’avait pas été mobilisé durant la guerre d’Algérie. Il est alors en mesure de débuter une production de poterie cuite à basse température jusqu’en 1956, date à laquelle il acquiert le premier four à gaz construit en France à Golfe-Juan (Côte d’Azur), qui permet une cuisson des grès à haute température.
Daniel de Montmollin apprend progressivement son métier grâce à ses nombreux amis qui l’entourent, le soutiennent et lui permettent de progresser. Au premier plan figure le céramiste suisse Philippe Lambercy (1919-2006), avec lequel il nouera une amitié précieuse. C’est en sa compagnie et en celle de son épouse Élisabeth qu’il apprend les rudiments du calcul moléculaire et qu’il développe ses compétences aux niveaux technologique et chimique. Le céramiste et sculpteur belge Antoine de Vinck (1924-1992), qui a travaillé à St Ives dans les Cornouailles avec Bernard Leach (1887-1979) est également devenu un ami, avec lequel il a développé les émaux à base de cendres.
Au plan scientifique, sa rencontre avec Anne-Marie Morand, qui menait alors une thèse de doctorat sur les silicates, est déterminante. Cette dernière lui fait des analyses permettant le délicat travail de classification des cendres. Des amis espagnols possédant un appareillage de spectrométrie font de leur côté des analyses de roches. Autre aide précieuse, au sein de la communauté cette fois-ci, celle de Frère Hervé, dont la formation de mathématicien permet la finalisation du livre sur les émaux.
Daniel de Montmollin n’a pas l’ambition de se considérer comme un artiste, mais plutôt comme un potier, qui tourne patiemment ses vases et anime leur surface d’émaux sans cesse renouvelés, qu’il soumet au feu avec une curiosité et un plaisir insatiables. Il s’intéresse en priorité à la richesse et à la diversité des matériaux de proximité, minéraux et végétaux, qu’il collecte dans la nature environnante : les roches diverses, qu’il ramasse en arpentant les collines, et surtout les cendres végétales, qui soutiennent son inspiration et ouvrent un espace de recherche infini. Il partage et transmet avec passion et générosité ses vastes connaissances aux potiers de la région ainsi qu’à toute personne qui franchit la porte de son atelier. Daniel de Montmollin fait sienne la maxime du botaniste Pierre Poivre (1719-1786) : « un échec est une réussite qui se fait désirer ». Il ne cesse jamais ses recherches et ses calculs précis, qui lui permettent d’élargir chaque jour un peu plus la palette des possibles.
Pour Daniel de Montmollin, la céramique a aujourd’hui plus que jamais une mission essentielle à remplir, celle de permettre à l’homme de la ville de retrouver une vraie connexion avec la nature. Par son lien direct et immédiat avec les quatre éléments, la céramique scelle une triple alliance : avec la nature d’une part, mais aussi avec soi-même et avec les autres. À contre-courant de l’agitation d’une société mercantile, il considère la poterie comme une voie (le do de la philosophie extrême-orientale), un mode de vie et une manière d’être au monde, en osmose avec la nature et dans la relation à l’autre.

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