Margareta Daepp (Oppligen, 1959)

Le cheminement artistique de Margareta Daepp est profondément ancré dans le matériau terre et dans la tridimensionnalité.

Au cours de la classe préparatoire qu’elle suit à l’Ecole des arts appliqués de Berne, elle découvre que la troisième dimension est fondamentale pour elle. C’est ainsi qu’elle privilégie la filière céramique à celle du graphisme lors de son entrée à l’Ecole. Elle y découvre l’exigence du médium, l’importance du savoir-faire et la bienfacture. Forte de ce bagage, elle s’intéresse au tournant opéré par Philippe Lambercy dans la section céramique de l’Ecole des arts décoratifs de Genève et s’inscrit auprès de .Setsuko Nagasawa, qui vient de remplacer l’artiste genevois. Tout ici est différent : le travail de la terre, le regard sur la matière, les rapports de proportions. Elle découvre surtout que la céramique est une matière vivante.

Elle ouvre alors un atelier à Berne, donne des cours avant de poursuivre sa formation à la Haute école d’art de Berlin, de faire une résidence d’artiste à l’EKWC de Bois-le-Duc (’s-Hertogenbosch) puis d’aller vivre et travailler un an à New York. Durant toutes ces années, sa fascination pour le Japon ne cesse de croître. Entre 2005 et 2017, Margareta Daepp se rend à quatre reprises au Japon, trois fois pour des résidences, à Shigaraki et à Seto, et une fois pour deux expositions, à Kyoto et Osaka. Ces immersions dans la culture japonaise sont exigeantes, intenses ; elles sont faites, avant toute chose, d’observations, puis de réflexions et de résonances, mais également d’opportunités d’élargir les horizons. Réaliser une cuisson anagama (four couché à flamme directe), côtoyer des spécialistes du laque sont des expériences marquantes. La radicalité, la poésie, le silence, la densité de la culture insulaire la touchent profondément.

L’enseignement constitue un pan important de la carrière de Margareta Daepp. Margareta Daepp enseigne au sein de la section céramique du Centre de formation professionnelle Arts (CFP Arts) de Genève, depuis plus de vingt ans.
La transmission du savoir-faire, essentiel car il permet la liberté d’expression, s’accompagne d’un soutien et d’une stimulation de la créativité de chaque élève, en prenant soin de ne pas l’influencer.

Le silence et la solitude indispensables de l’atelier d’une part, le partage avec ses pairs, la participation à des congrès et la visite régulière d’expositions de l’autre : le cheminement professionnel de Margareta Daepp est comme le yin et le yang, fait d’opposés complémentaires qui se nourrissent l’un l’autre.
(Extraits d’un texte d’Anne-Claire Schumacher)