Coupe

Meybod, vers 2011
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Descriptif de l'œuvre

Notice
Cette pièce réinterprète les motifs décoratifs en terre cuite siliceuse de Meybod en porcelaine industrielle. À Meybod, toute représentation humaine est bannie, y compris sur la céramique utilitaire : on n’interprètera donc pas ce visage comme « humain », mais comme une « représentation multiséculaire du soleil » (SAUVAGET 1965, p. 48). Khânom khorshîd, aussi connu sous le nom de « face radiée », est un motif féminin comme le mot « soleil » en persan. En Iran, sous les Qâdjârs, la femme-soleil est présente dans tous les domaines : orfèvrerie, textiles, livres (SOUSTIEL 1985, p. 258, 306). Au XXe siècle, ce décor sera particulièrement utilisé pour orner les céramiques de Meybod et souvent associé au motif du poisson, alliant ainsi l’eau au soleil (voir inv. AR 2011-152 et AR 2011-264). Que ce soit sur la porcelaine chinoise ou sur les céramiques lustrées iraniennes, l’oiseau fait partie intégrante du répertoire iconographique. Il est donc difficile de déterminer avec exactitude l’origine de son apparition sur la production de Meybod. Cependant, l’oiseau a une signification symbolique particulière dans l’art céramique iranien. Selon Micheline Centlivres-Demont, ceci est lié à des croyances populaires : on dit que l’oiseau protège la maison ou encore que le rossignol symbolise l’amour (CENTLIVRES-DEMONT 1971, p. 45, 46, 47, No 52a et b, p. 116). Parmi les décors zoomorphes de cette collection, on compte différentes espèces d’oiseaux : la huppe, le rossignol, le faisan, ainsi qu’un oiseau dont l’espèce n’a pas précisément été identifiée. Comme le poisson – auquel il est fréquemment associé (voir bol AR 2011-180) –, l’oiseau est schématisé : en effet, les motifs animaliers ne sont pas représentés dans une optique naturaliste, mais pour leur valeur décorative et symbolique. Lorsque l’oiseau est le sujet principal du décor (inv. AR 2011-277), il est presque toujours combiné avec des ornements végétaux : fleurs, boutons, feuilles et rinceaux. Une variante est le décor bolbol o qafas (« rossignol et cage » [inv. AR 2011-252]). Le bol AR 2011-169 présente un décor compartimenté sur sa paroi extérieure : rossignol, faisan et fleur alternent sur les panneaux. Enfin, des oiseaux en vol apparaissent de manière récurrente en arrière-plan des décors paysagers. Aujourd’hui, le répertoire iconographique est perpétué par ces potiers, mais la technique a évolué. En effet, la porcelaine a remplacé la pâte siliceuse traditionnelle, comme en témoigne la coupe inv. AR 2012-133, dont la paroi intérieure est couverte d’oiseaux entourant khânom khorshîd (voir CENTLIVRES-DEMONT 1971, p. 43, 45, 47 et 62, p. 117 ; CENTLIVRES-DEMONT 1975, p. 11). L’origine de ce décor remonte au Moyen Âge : il aurait une signification symbolique liée à l’astrologie, très développée dans le monde islamique à cette époque. Il était alors déjà présent sur la céramique persane, comme l’attestent deux bols de Kâshân (XIIe-XIIIe siècle) conservés à l’Ashmolean Museum de Oxford (voir ASHMOLEAN MUSEUM 1981, p. 109 ; ALLAN 1991, p. 22-23). Une deuxième pièce issue de ce même centre de production, une coupe du XIIe ou du XIIIe siècle, comporte un motif particulier : le visage sur le fond est entouré de lignes concentriques en dents de scie qui en recouvrent toute la surface, comme pour symboliser l’étendue de son rayonnement (CURATOLA 1993, p. 76-77). Toujours en Iran, une coupe fin XIXe-début XXe siècle rappelle fortement la production de Meybod (SOUSTIEL 1985, fig. 343, p. 306). Une autre variante datant de cette même période est l’assiette iranienne du Fitzwilliam Museum de Cambridge, où la femme-soleil centrale est entourée de quatre autres visages plus petits disposés symétriquement sur l’aile (inv. OC.3-1939). Mais le motif khânom khorshîd n’est pas une exclusivité du répertoire iranien puisqu’on le trouve également en Égypte sur des tessons au décor lustré du XIIe siècle de la collection du Benaki Museum d’Athènes (PHILON 1980, pl. XXVIII/A, p. 179, 228-229 [fig. 485 à 489], p. 261, [fig. 583]). Le Victoria and Albert Museum de Londres conserve un bol égyptien (vers 1160-1170), un des exemples de femme-soleil les plus complets issus de cette production (inv. C.8-1949). Dans la région du Caucase encore, un exemple étonnant de décor polychrome (engobes rouge et jaune) du milieu du XVIe siècle est attribué aux ateliers de « Kubatchi » (SOUSTIEL 1985, fig. 288 p. 258).
porcelaine, décor peint en bleu-noir sous couverte, aux émaux bleu clair et rouge, sgraffite /bord
haut.: 6.8 cm diam.: 20.5 cm
N° inventaire
AR 2012-133

Plus d'informations

Don Anne-Claire Schumacher, 20.12.2011

Cette œuvre a figuré dans les expositions suivantes:

Expositions
« Terres d'Islam. L'Ariana sort de ses réserves II », Musée Ariana, Genève, 28.02.2014 - 31.08.2014

Bibliographie de l'œuvre

Schumacher, Anne-Claire (dir.), Terres d'Islam: les collections de céramique moyen-orientale du musée Ariana à Genève, [exposition Genève, Musée Ariana, 28 février - 31 août 2014], 5 Continents Editions, Milan, 2014, p. 179, coul., N° 4 (Oeuvre)