Plat

Deux frises géométriques en arc de cercle divisent trois zones : une blanche (en réserve), une vert céladon et, au centre, des vagues stylisées. Le décor de cette coupe représente en fait deux coupes superposées sur un fond céladon, constituant ainsi une étonnante mise en abyme. La frise de motifs stylisés « nuage et tonnerre », symboles de prospérité, dérive de décors chinois tandis que le motif seigaiha (« vagues de la mer bleue ») forme un décor complexe, réalisé grâce à la technique du sumi-hajiki (« encre qui repousse [le pigment] »). Avant l’application de la couverte, les parties qui doivent demeurer blanches sont dessinées à l’encre de Chine. La surface est ensuite enduite d’oxyde de cobalt. A la cuisson, le bleu subsiste alors que l’encre s’efface, laissant apparaitre en réserve la blancheur de la porcelaine. Les décors Nabeshima s’inspirent des textiles, mais également des estampes. Les compositions originales, asymétriques, avec des motifs décentrés ou non représentés dans leur totalité, sont caractéristiques de leur esthétique singulière. Ici, l’absence de bordure prolonge virtuellement les formes au-delà de la surface de la pièce et lui confère une dimension monumentale. Sur le revers, trois plages de fleurs portent en leur centre une pièce de monnaie porte-bonheur, rinceaux et nuages stylises. La frise en forme de peigne, qui entoure le pied de lignes verticales régulières (kushijo), est typique du style Nabeshima. La qualité de la pâte, la grande finesse du modelage, la maîtrise de la cuisson, l'emploi de casettes (étui en terre réfractaire cuite protégeant les céramiques de l'action directe du feu pendant leur cuisson) et l'absence de traces de pernettes (support de cuisson placés entre deux pièces superposées) participent à la perfection technique des pièces Nabeshima, dont l'apogée se situe entre 1690 et 1726.